Naviguer dans les turbulences actuelles du marché

Par David Ferreira, CFA, gestionnaire de portefeuille

Les récentes fluctuations des marchés ont attiré l’attention des investisseurs, avec des reculs enregistrés sur les marchés canadiens et mondiaux. Certains sont même entrés en territoire de correction (une baisse de plus de 10 % par rapport à leur récent sommet). L’indice de volatilité CBOE (VIX) – souvent surnommé « indice de la peur » – a bondi pour atteindre les 20 points. Alors, quels facteurs sous-tendent cette activité accrue sur les marchés?

  • Préoccupations liées à l’inflation – Les pressions persistantes sur les prix sont devenues une source majeure d’inquiétude. Les augmentations de coûts liées aux tarifs douaniers se répercutent sur les consommateurs, ce qui a incité certains analystes à revoir à la hausse leurs prévisions d’inflation. Par exemple, RBC a récemment révisé à la hausse son estimation de l’inflation de base aux États-Unis pour 2025, la portant à environ 2,9 % (contre 2,6 % auparavant), en raison des droits de douane. Cela s’est concrétisé par un taux d’inflation au Canada pour le mois de février supérieur aux attentes. Une inflation plus élevée peut réduire les bénéfices des entreprises et le pouvoir d’achat des consommateurs. Les investisseurs sont donc sur le qui-vive en raison des potentielles réactions de la Réserve fédérale.
  • Évolution de la politique commerciale – L’incertitude entourant le commerce mondial est devenue un catalyseur majeur de volatilité. Les variations dans les tarifs douaniers imposés par l’administration américaine à ses principaux partenaires commerciaux (tels que les nouveaux droits de douane sur les importations en provenance du Canada, de la Chine et du Mexique) ont diminué l’appétit des investisseurs pour le risque. Ces tensions commerciales suscitent des inquiétudes quant à une augmentation des coûts des intrants, ce qui entraîne une hausse de l’inflation, ainsi qu’à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Le manque de clarté concernant la politique commerciale constitue désormais un obstacle au sentiment du marché.
  • Craintes de ralentissement économique – Les signes de ralentissement économique planent sur les marchés financiers. En effet, certains économistes de renom ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB. Par exemple, Goldman Sachs a récemment ramené ses prévisions de croissance du PIB américain pour 2025 à 1,7 % (contre 2,4 % précédemment). Cette baisse est attribuable en grande partie aux répercussions attendues des droits de douane et à l’incertitude politique. Ces révisions alimentent la crainte que l’économie ne perde de son élan, voire qu’elle bascule dans une légère récession. La baisse des prévisions de croissance, combinée à la perspective d’un resserrement des conditions financières, a rendu les investisseurs plus frileux envers les actions.

Bien que des vents contraires soient actuellement perceptibles, il est important de noter que la volatilité actuelle semble plutôt refléter un ajustement typique de fin de cycle du marché qu’un signe de crise. Les marchés intègrent de nouveaux renseignements sur l’inflation et les politiques, et réévaluent les risques en conséquence. Le bon côté, c’est que ce type de volatilité indique également que les risques sont connus et évalués, ce qui pourrait mener à des gains plus stables lorsque les incertitudes commenceront à se dissiper.

Perspective historique sur la volatilité – la patience est la clé
La volatilité fait naturellement partie de l’investissement. L’histoire démontre que les corrections de marché sont relativement fréquentes, et généralement de courte durée. Par exemple, depuis 1982, le S&P 500 a subi 14 corrections, avec des baisses moyennes de 12 %. Ces corrections se rétablissent généralement en quatre mois, ce qui démontre que la volatilité n’est pas un état permanent. En analysant ces exemples, on observe que le rendement moyen sur un an après le creux de la vague était supérieur à 30 %. Ce chiffre atteint même plus de 43 % après deux ans.

Tableau 1

Sur les marchés, les gains s’inscrivent dans la durée, et non sur le court terme – En effet, les périodes de croissance ont été nettement plus longues que les périodes de ralentissement. Les investisseurs aguerris privilégient la «durée sur les marchés» plutôt que le «court terme». Tenter de quitter le marché puis d’y revenir pour éviter la volatilité peut s’avérer contre-productif, car les meilleurs jours du marché ont souvent lieu aux pires moments. En réalité, la majorité des dix plus fortes hausses du marché en une seule journée au cours des vingt dernières années se sont produites pendant la crise de 2008 ou le ralentissement de 2020. Rater ces grandes journées de rebond peut avoir une incidence considérable sur les rendements à long terme. Par exemple, un investisseur qui a maintenu tous ses investissements entre 2003 et 2022 a obtenu un rendement annuel de près de 9,8 %. Le fait d’avoir raté les 10 meilleures journées de cette période aurait réduit son rendement de près de moitié (à environ 5,6 % par an).

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Graphique 3

Cela démontre qu’il est souvent plus judicieux de traverser patiemment la volatilité plutôt que de tenter de déterminer le moment idéal pour en sortir et y retourner. L’histoire nous apprend que la volatilité fluctue, mais que, sur le long terme, le marché a une tendance haussière. Les investisseurs qui adoptent une perspective à long terme et une approche disciplinée ont généralement été récompensés au fil du temps, malgré les difficultés rencontrées en cours de route.

Bien que la volatilité fasse actuellement la une des journaux, elle reste bien en deçà des niveaux historiques – L’indice de volatilité CBOE (VIX) se situe actuellement autour de 20, soit légèrement au-dessus de sa moyenne à long terme d’environ 19, mais bien en deçà des sommets extrêmes de près de 80 observés lors des crises passées, comme la grande crise financière de 2008 et la panique provoquée par la pandémie au début de 2020. Ce niveau modéré plutôt qu’élevé indique que les marchés tiennent compte de l’incertitude liée à des facteurs tels que les craintes d’inflation et les changements de politique commerciale, mais pas de la peur qui précède généralement les ralentissements économiques graves. Par conséquent, les investisseurs doivent rester vigilants face aux fluctuations à court terme. Cependant, le profil de volatilité actuel semble plus proche d’une phase normale de « réajustement du marché » qu’au début d’une crise majeure.

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Atténuer la volatilité grâce aux investissements sur les marchés privés

Les investisseurs peuvent atténuer les répercussions de la volatilité des marchés publics en diversifiant leurs portefeuilles pour y inclure les marchés privés.

Les marchés privés offrent une stabilité en période de volatilité
Les investissements sur les marchés privés ont une fois de plus mis en évidence l’importance de la diversification en offrant une certaine stabilité lors des ralentissements des marchés publics. Par exemple, entre janvier 2022 et septembre 2024, alors que les actions cotées en bourse connaissaient une volatilité accrue, le capital-investissement a enregistré un rendement de +0,05 %, l’immobilier privé a réalisé un gain de +0,18 %, et la dette privée a augmenté de +0,51 %. Contrairement à leurs homologues cotés en bourse – dont les prix peuvent fluctuer fortement d’un jour à l’autre – ces investissements privés reposent souvent sur des fondamentaux à long terme et sont moins sujets aux ventes rapides motivées par le sentiment du marché. Par conséquent, ils peuvent contribuer à atténuer les répercussions globales des turbulences des marchés publics, ce qui renforce leur rôle en tant qu’élément précieux d’une stratégie d’investissement équilibrée.

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Gestion active dans des marchés turbulents
Dans des environnements hautement volatils, une prise de décision dynamique et proactive peut avantager les gestionnaires actifs par rapport aux stratégies d’indices passifs. Par exemple, pendant les fluctuations rapides du marché en 2022, marquées par des hausses importantes des taux d’intérêt, de nombreux fonds d’action actifs qui avaient abandonné leurs investissements dans la croissance au profit de titres sous-évalués ou défensifs ont pu limiter les pertes, alors que les principaux indices de référence, comme le S&P 500, ont connu une baisse plus importante. De même, les gestionnaires d’obligations actifs qui ont raccourci la durée des investissements ou cherché des instruments de crédit à rendement plus élevé ont souvent surpassé les indices obligataires standards, démontrant ainsi qu’ils peuvent s’adapter rapidement et protéger le capital en période de stress.

Cette capacité à réagir rapidement, à exploiter les titres mal évalués et à allouer les ressources de manière stratégique peut se traduire par une meilleure performance ajustée au risque quand les marchés sont en mouvement. Plus spécifiquement, lorsqu’une forte dispersion fait chuter certains secteurs, tandis que d’autres restent stables, des stratégies actives bien placées peuvent exploiter les déséquilibres que les fonds indiciels mondiaux ne peuvent pas éviter. Par conséquent, les investisseurs prêts à s’engager auprès d’équipes qualifiées et axées sur la recherche peuvent constater que la gestion active permet non seulement de se prémunir contre les ralentissements, mais aussi de saisir des opportunités, pour finalement surpasser les approches passives en période d’incertitude accrue.

Alors, quelle est la prochaine étape?

Les fluctuations des marchés et la variation de la valeur des investissements qui en découlent peuvent être source d’inquiétude pour les investisseurs, mais elles sont inévitables dans l’univers de l’investissement. La récente période de volatilité, alimentée par les inquiétudes liées à l’inflation, aux changements de politique commerciale et aux craintes de ralentissement de la croissance, rappelle que les marchés ne progressent pas toujours de manière linéaire. Toutefois, il n’y a pas lieu de s’inquiéter si vous êtes bien préparé. L’histoire montre que les ralentissements sont généralement temporaires et suivis de reprises. La patience et la discipline sont souvent récompensées.

Les investisseurs sont encouragés à maintenir le cap plutôt qu’à essayer d’anticiper les hauts et les bas du marché. S’en tenir à un plan réfléchi permet à la puissante tendance à long terme de croissance de jouer en votre faveur. L’un des aspects essentiels de ce plan consiste à répartir les actifs avec prudence. En diversifiant leurs investissements dans différentes catégories d’actifs, incluant les marchés privés, en plus des actions et des obligations, les investisseurs peuvent créer un portefeuille plus résilient qui saura faire face aux turbulences. Les actifs privés, en particulier, peuvent servir de tampon, offrant des avantages en matière de diversification et exerçant une influence apaisante lorsque les marchés publics sont instables.

Si vous souhaitez discuter de votre portefeuille, veuillez communiquer directement avec votre conseiller en investissement.

Avis de non-responsabilité

Moi, David Ferreira, j’ai rédigé ce commentaire pour partager avec vous mon opinion concernant différentes solutions d’investissement ainsi que des considérations qui peuvent être utiles pour votre portefeuille. Ce commentaire exprime mes propres opinions, qui ne reflètent pas nécessairement celles d’Harbourfront Wealth Management Inc. Je m’appuie sur mon meilleur jugement et mon expérience professionnelle en tant qu’analyste financier qui évalue un large éventail d’investissements. Par conséquent, il convient de considérer ces commentaires comme le reflet de mes opinions éclairées plutôt que comme des analyses produites par Harbourfront Wealth Management Inc.