Le portefeuille 60/40, composé à 60 % d’actions et à 40 % de titres à revenu fixe, est depuis longtemps une pierre angulaire de la stratégie d’investissement, en particulier pour ceux qui recherchent un équilibre entre la croissance et la volatilité. Cette approche tire parti de la relation historique inverse entre les actions et les obligations, ces dernières s’appréciant souvent lors des baisses du marché des actions, ce qui a un effet stabilisateur.
Pendant la crise financière mondiale de 2008, alors que les actions chutaient, les obligations se sont appréciées et ont servi de bouclier aux portefeuilles des investisseurs sur des marchés volatils. Les obligations ont affiché un rendement de 3 %, contre -38 % pour le S&P 500.1
Historiquement, cette stratégie a produit des rendements fiables. De 1981 à 2008, période marquée par une baisse des taux d’intérêt et une inflation stable, le portefeuille 60/40 a réalisé des rendements annualisés supérieurs à 8 %2, dépassant largement l’inflation et répondant aux besoins de nombreux investisseurs.
Le succès du portefeuille 60/40 repose sur la conviction que la diversification des avoirs entre les obligations et les actions publiques permet d’obtenir des rendements plus stables qu’en investissant dans une seule classe d’actifs. Cette répartition a historiquement conduit à une expérience d’investissement plus douce grâce à une volatilité plus faible, les performances des actions et des obligations ayant tendance à augmenter et à diminuer à des moments différents.
Cependant, le paysage de l’investissement évolue et le portefeuille traditionnel 60/40 a été confronté à des défis ces dernières années en raison de changements structurels et économiques qui ont modifié de façon permanente les corrélations entre les classes d’actifs traditionnelles. En conséquence, la corrélation négative historique entre les actions et les obligations n’est plus garantie. Nous avons été témoins de ce découplage lors du marché baissier de 2022, lorsque les actions et les obligations ont enregistré des rendements négatifs avec une corrélation positive de plus de 50 %3.
Figure 1
Au cours de la période post-pandémique, l’économie mondiale a connu une forte pression inflationniste résultant d’un assouplissement monétaire important ainsi qu’une croissance économique tendue. Dans ce nouveau paradigme, le portefeuille 60/40 a nettement sous-performé, perdant plus de 17,5 %4 (voir figure 2), ce qui constitue la pire performance depuis 1937. En outre, bien que l’approche 60/40 soit censée lisser les performances, le portefeuille 60/40 a connu une volatilité de près de 16 %5 en 2022, mesurée par l’écart-type.
Figure 2
Pourquoi le portefeuille 60/40 n’est pas à la hauteur sur les marchés modernes
Le paysage de l’investissement a fondamentalement changé, exposant les vulnérabilités du portefeuille traditionnel 60/40. Alors que cette stratégie a prospéré dans un monde de taux d’intérêt en baisse et d’inflation modérée, les réalités économiques d’aujourd’hui remettent en question la capacité de cette approche à fournir la stabilité et les rendements sur lesquels les investisseurs comptaient autrefois.
Les obligations, traditionnellement considérées comme des valeurs refuges, n’ont pas toujours fourni le contrepoids attendu pendant les périodes de volatilité des actions. Cette évolution suggère que les avantages des obligations en termes de diversification pourraient continuer à diminuer à mesure que l’environnement de marché évolue.
Les obligations, en particulier celles à coupons fixes, perdent de la valeur en termes réels pendant les périodes d’inflation, tandis que les actions sont souvent confrontées à la hausse des coûts et à la pression sur les marges. Une inflation élevée augmente également la corrélation positive entre les actions et les obligations, ce qui réduit l’avantage de la diversification pour les portefeuilles et érode les rendements réels. Cette combinaison crée un «double bind», où aucune des deux classes d’actifs ne permet d’atténuer efficacement les risques ou de générer des rendements suffisants.
L’une des raisons pour lesquelles le portefeuille 60/40 était si populaire dans le passé est qu’il offrait une méthode de diversification infaillible. Il s’appuyait souvent sur une approche indicielle pour le 60 et le 40.
L’un des défis de l’environnement actuel, en particulier en ce qui concerne l’investissement en actions, est que les marchés d’actions sont devenus de plus en plus concentrés, sans aucun signe de ralentissement.
Au milieu de l’année 2024, les dix premières entreprises du S&P 500 représentaient 38 % de l’indice, la quasi-totalité de ces noms étant concentrés dans le secteur technologique. Cela signifie que l’avantage de la diversification diminue au sein même de la classe d’actifs des actions publiques et conduit à une plus grande volatilité, car les facteurs qui déterminent les rendements des investissements continuent à se consolider.
Une meilleure façon d’avancer : Diversification par le biais des classes d’actifs privés
Les défis du portefeuille traditionnel 60/40 devenant de plus en plus évidents, les investisseurs se tournent de plus en plus vers les classes d’actifs privées pour renforcer la diversification, réduire la volatilité et améliorer les rendements. En fin de compte, les investisseurs ne peuvent plus faire confiance aux actions et aux obligations pour assurer à elles seules le revenu, la croissance et la protection contre les baisses.
Un meilleur profil de rendement : Les marchés privés offrent un avantage unique : la prime d’illiquidité. Les investisseurs sont rémunérés pour la détention d’actifs qui ne sont pas immédiatement négociables, ce qui peut se traduire par des rendements à long terme plus élevés que sur les marchés publics.
Protection contre les baisses : Les actifs privés sont à l’abri des fluctuations à court terme des prix du marché, ce qui leur confère une certaine stabilité en période de turbulences sur les marchés publics. En outre, la gestion active des marchés privés, telle que les améliorations opérationnelles pratiques dans le domaine du capital-investissement ou la souscription dans le domaine du crédit privé, peut constituer un niveau supplémentaire de contrôle des risques.
La réponse est… cela dépend ! La répartition optimale entre les actions, les obligations, l’immobilier privé, le crédit privé, le capital-investissement et les autres catégories d’actifs varie en fonction des conditions du marché. Mais même avec une répartition fixe de 45 % d’actions, 25 % d’obligations, 10 % de dette privée, 10 % de capital-investissement et 10 % d’immobilier privé, le profil de risque et de rendement s’améliore considérablement.
La figure 5 ci-dessous montre un autre exemple avec une combinaison légèrement différente et un résultat similaire : une volatilité plus faible, de meilleurs rendements et un rendement plus élevé pour les clients. Les investisseurs qui n’intègrent pas les classes d’actifs privées dans leurs portefeuilles n’investissent tout simplement pas de manière aussi optimale qu’ils le devraient.
Figure 5
Conclusion
La seule certitude dans le secteur de l’investissement est l’incertitude. L’année 2025 a démarré de manière volatile, avec des valorisations record des actions publiques, des négociations tarifaires et un contexte d’inflation très fragile. L’inclusion des classes d’actifs privés sera plus importante que jamais pour protéger les investisseurs contre les risques de baisse et leur permettre de se positionner prudemment.
L’intégration d’actifs privés dans un portefeuille moderne n’est plus facultative, elle est essentielle. Le portefeuille traditionnel 60/40, bien qu’historiquement performant, est mal équipé pour faire face aux complexités des marchés d’aujourd’hui. En optant pour le capital-investissement, le crédit privé et l’immobilier privé, les investisseurs peuvent améliorer leurs rendements, réduire la volatilité et s’assurer un avenir financier plus solide. Cette évolution permet non seulement de se prémunir contre les défis des marchés modernes, mais aussi de positionner les portefeuilles de manière à ce qu’ils prospèrent dans un environnement économique en mutation rapide. L’avenir de l’investissement réside dans l’adoption d’une boîte à outils plus large, et les actifs privés sont au cœur de cette transformation.
Une note sur les risques :
Tout en offrant divers avantages importants, les investissements privés comportent également certains risques supplémentaires, qui peuvent être différents des risques associés à l’investissement sur les marchés publics. Il est important pour les investisseurs de travailler avec des professionnels de la finance qui comprennent les marchés privés et sont capables de prendre des décisions d’investissement actives.
Sources d’information
1 YCharts
2 Yahoo Finance, eVestment
3 Diversificateurs alternatifs : Repenser la diversification des portefeuilles d’investissement | Russell Investments. (n.d.). https://russellinvestments.com/us/blog/alternative-diversifiers
4 YCharts
5 YCharts
6 Morgan Stanley Investment Management. (n.d.). The big picture : Le retour du 60/40. Extrait de https://www.morganstanley.com/im/publication/insights/articles/article_bigpicturereturnofthe6040_ltr.pdf
7 Doeswijk, R. Q., Lam, T. et Swinkels, L. (2019). Rendements historiques du portefeuille de marché. Review of Asset Pricing Studies, à paraître. Disponible sur SSRN : https://ssrn.com/abstract=2978509 ou http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2978509
Si vous souhaitez discuter de votre portefeuille, veuillez directement avec votre conseiller en investissement.
Clause de non-responsabilité
David Ferreira, j’ai préparé ce commentaire pour vous faire part de mes réflexions sur les différentes alternatives d’investissement et les considérations qui peuvent être pertinentes pour votre portefeuille. Ce commentaire reflète mes seules opinions et peut ne pas refléter celles de Harbourfront Wealth Management Inc. En exprimant ces opinions, je fais appel à mon meilleur jugement et à mon expérience professionnelle, du point de vue d’une personne qui étudie un large éventail d’investissements. Par conséquent, ce document doit être considéré comme le reflet de mes opinions éclairées plutôt que comme une analyse produite par Harbourfront Wealth Management Inc.
Cliquez ci-dessous pour revenir au portail Newswire.
Tarifs douaniers et commerce – il est temps pour le Canada de briser la glace
7 février 2025